Le voile : soumission à Dieu, pas à l’homme

Quand la lecture occidentale déforme le sens

Dans la tradition chrétienne paulienne, le voile n’est pas seulement un vêtement de pudeur : il est le symbole explicite de la soumission de la femme à l’homme. Paul l’écrit clairement dans la Première Épître aux Corinthiens :

« Je veux cependant que vous sachiez que le chef de tout homme, c’est Christ ; que le chef de la femme, c’est l’homme, et que le chef de Christ, c’est Dieu. » [11 : 3]

« Toute femme, au contraire, qui prie ou qui prophétise la tête non voilée, déshonore son chef : c’est comme si elle était rasée. Car si une femme ne se voile pas, qu’elle se coupe aussi les cheveux. Or, s’il est honteux pour une femme d’avoir les cheveux coupés ou d’être rasée, qu’elle se voile. L’homme ne doit pas se couvrir la tête, puisqu’il est l’image et la gloire de Dieu, tandis que la femme est la gloire de l’homme. En effet, l’homme n’a pas été tiré de la femme, mais la femme a été tirée de l’homme ; et l’homme n’a pas été créé à cause de la femme, mais la femme à cause de l’homme. C’est pourquoi la femme, à cause des anges, doit avoir sur la tête une marque de l’autorité dont elle dépend. » [11 : 5-10]

Cette lecture a traversé les siècles et façonné durablement l’imaginaire occidental : le voile est lié à une hiérarchie religieuse et sociale où la femme est placée en position d’infériorité.

Dans les sources islamiques, une telle signification n’existe tout simplement pas. Que chacun cherche par lui-même : il ne trouvera nulle part, ni dans le Coran ni dans la Sunna, le moindre lien entre le voile, la soumission à l’homme, une prétendue infériorité de la femme ou un signe d’appartenance religieuse. Ces notions sont étrangères au sens que l’islam donne au voile, qui relève exclusivement de la pudeur, de la dignité et de la relation spirituelle à Dieu.

En résumé : dans le christianisme paulien, le voile exprime la soumission à l’homme ; dans l’islam, il exprime la soumission à Dieu.

Cette confusion historique est au cœur de nombreuses incompréhensions contemporaines : elle conduit à projeter sur les femmes musulmanes une lecture qui vient d’une autre tradition, et non de leurs propres sources.

Une pudeur qu’on ne tolère que chez les autres

Chacun a sa conception de la pudeur : certains la fondent sur des textes qu’ils considèrent vivants, d’autres sur l’éducation ou la culture reçue. Mais dans nos sociétés occidentales, la seule conception qu’on refuse d’accepter est celle des femmes musulmanes. Leur pudeur dérange non parce qu’elle opprimerait, mais parce qu’elle échappe à la norme dominante.

Quand on parle des femmes… sans jamais leur donner la parole

Ce sont des voix extérieures, souvent ignorantes des sources islamiques, qui s’emparent du voile dans les débats politiques et médiatiques. Elles parlent à la place des premières concernées, les excluent des discussions et leur attribuent des intentions qu’elles n’ont absolument pas. Il est étonnant de voir à quel point on débat de leur vie, de leur morale, de leur choix, tout en les empêchant de prendre la parole elles-mêmes.

Le droit d’éduquer selon ses convictions

Les musulmans ont le droit d’éduquer leurs enfants selon leurs convictions. Ceux qui critiquent le voile des filles ne cherchent pas réellement à les protéger : ils veulent empêcher les musulmans d’éduquer leurs enfants comme ils le souhaitent.

Ceux qui prétendent que le voile « sexualise » les fillettes…

Il y a quelque chose de profondément dérangeant dans le simple fait d’associer les mots « voile » et « sexualisation » quand il s’agit d’enfants. Cette idée est obscène en elle-même. Ce n’est pas le voile qui sexualise une fillette – c’est le regard de ceux qui y voient autre chose. Là où un musulman voit simplement un acte d’innocence, d’éducation ou de foi, eux voient une charge sexuelle, une oppression, une symbolique d’infériorité. Et c’est bien cela, le scandale : que des adultes, au nom de prétendues valeurs de liberté, en viennent à projeter leurs obsessions sur des enfants qui n’ont, eux, que l’innocence de leur foi.

Mais la même logique s’applique aussi aux femmes. Parce qu’en vérité, le voile est l’exact opposé de la sexualisation. Il ne cherche pas à cacher un corps honteux, mais à refuser la réduction du corps au désir d’autrui. Là où la société marchande transforme la femme en image, en objet, en produit, le voile réaffirme qu’elle est avant tout un esprit, une conscience, une présence libre. Il n’est pas un renoncement à la féminité, mais un choix de reprendre le contrôle du regard porté sur soi. Et c’est précisément ce que cette société ne supporte pas : une femme qui se soustrait à son injonction permanente d’être visible, désirable, disponible.

Au fond, ce qui dérange vraiment, ce n’est pas le voile, ce n’est pas un morceau de tissu : ce qui dérange, c’est la simple existence de musulmanes qui vivent selon leur foi.

Le vrai visage du débat

Ce débat révèle davantage ceux qui le nourrissent que celles qu’il cible. À force de vouloir dévoiler les femmes musulmanes, c’est eux-mêmes qu’ils finissent par dévoiler : leur peur, leur haine, leur obsession.

Le voile ne cache rien : il met en lumière les contradictions d’un monde qui prêche la liberté tout en refusant celle des femmes musulmanes d’être simplement elles-mêmes.