À l’époque du Prophète – que les prières et la paix de Dieu soient sur lui – le mariage avant la puberté n’était pas une pratique propre à l’Arabie : il était courant dans la plupart des sociétés anciennes, de l’Europe médiévale à l’Asie, et personne ne le considérait immoral. Le Prophète – que les prières et la paix de Dieu soient sur lui – en épousant ‘Â’isha, n’a donc fait que respecter les coutumes de son temps, ce que même ses ennemis n’ont jamais critiqué, alors qu’ils saisissaient la moindre occasion de le discréditer.
Il convient aussi de rappeler que le Prophète – que les prières et la paix de Dieu soient sur lui – avait d’autres épouses, toutes adultes, ce qui montre que son mariage avec ‘Â’isha était une particularité et non une norme qu’il encourageait pour sa communauté. Plusieurs savants ont souligné que ce mariage était réservé au Prophète – que les prières et la paix de Dieu soient sur lui – et que les musulmans n’ont pas le droit de le reproduire [Al-Muhallâ, 9/38-39 ; Ash-Sharhu-l-Mumti’].
Le verset [65/4] évoquant le mariage de femmes n’ayant pas encore eu leurs règles peut être lu à la lumière d’un principe établi par la Sunna : nul mariage n’est valide sans le consentement de la femme [Al-Bukhârî : 4843, 6567, 6569 ; Muslim : 1419]. Ce consentement ne peut être donné que par une personne pubère et consciente. Ainsi, ce verset peut désigner des femmes adultes souffrant d’aménorrhée, et non des enfants.
Quant à la consommation du mariage, elle eut lieu après la puberté, conformément aux usages de l’époque [Sharh Muslim, 9/206].
Critiquer le Prophète – que les prières et la paix de Dieu soient sur lui – ou les pratiques anciennes selon les normes contemporaines constitue un jugement anachronique et profondément injuste. Si l’on devait juger toutes les figures historiques uniquement au regard des valeurs d’aujourd’hui, il ne resterait probablement aucune personne « de bien » dans l’histoire de l’humanité. Se permettre de juger la morale d’il y a 14 siècles quand on n’en a même pas soi-même, voilà le vrai visage de l’hypocrisie.
Plus largement, les savants ont toujours rappelé que l’application d’un texte peut varier selon le temps et le lieu. L’islam distingue entre le texte révélé, qui reste immuable, et son application, qui s’adapte aux réalités, aux coutumes et aux circonstances. C’est cette flexibilité qui rend l’islam universel, juste et compatible avec toutes les sociétés.
Ibnu-l-Qayyim expliquait : « La fatwa change selon le changement du temps, du lieu, des coutumes et des circonstances. » [I’lâmu-l-Muwaqqi’în, 3/78]
Cette parole illustre que l’application des textes dépend du contexte et des coutumes. Un texte ou un acte peut être permis ou obligatoire dans un contexte donné, mais devenir inapplicable, ou même interdit dans un autre contexte. Les musulmans vivant dans des sociétés contemporaines s’adaptent aux lois locales et aux coutumes, tout en restant fidèles à leurs principes.